jeudi 24 juin 2010

Terre !

Je me suis résolue à éliminer les derniers cristaux de sel. Ceux cachés derrière le lobe de mon oreille, la gauche. Et puis j'ai fait tourner une machine. Hypnotisée derrière le hublot, j'ai regardé les souvenirs de ces vacances se noyer dans les bulles de savon... Grisant, haut, profond, mouillé, outremer, rouge, brillant, agité et surtout, drôle toujours. L'émotion de ces rencontres que l'on attendait plus vraiment... Ces souvenirs d'enfance, remontés du creux du ventre. La silhouette de C., sa barbe, l'odeur de nicotine qui y était imprégnée. Mes gambettes fluettes sur le pont de son Diapason. Une épave désormais dans la baie de Pointe-à-Pitre. Des souvenirs, ou des photos imprimées sur ma rétine ? Difficile de trancher. Une certitude : les odeurs elles, je les ai reconnues quand je me suis enfoncée dans le cockpit...

De l'avant, sus à la nostalgie ! Ma tâche est vaste, comme l'océan ! Si les petites jumelles sont chapeautées comme il se doit, ma filleule attend son trousseau. Bon, j'ai déjà trouvé la couleur qui lui sied le mieux, héhé ! Et puis j'ai taillé le patron.

Mes prochaines semaines en rythmes décalés au boulot me permettront d'avancer, à l'ombre des persiennes... Mais surtout d'aller traîner au marché St Pierre, compléter les coupons sénégalais. Là ça y'est, la couture miniature m'a totalement libérée de mes trouilles. Je regarde une vieille photo de N. dans une robe home made, magnifique à Biarritz en 1960. Et je me dis : si je me lançais ?

En attendant, G. me quitte pour entrer dans son ère estivale. Au menu : dévorer des tomates cerises dans le potager, courir pieds nus sous les pins et barboter dans l'eau. Je l'accompagne goûter les figues sous l'arbre avant de profiter de ma solitude parisienne. Ben oui, outre la pédale wawa, j'ai plein de trucs à faire cet été...

Arroser les plantes sur le balcon, bronzer en terrasse en buvant l'apéro avec les fées parisiennes, me mettre à l'ombre pour soigner mes névroses au Père Lachaise, me baigner avec ma fée de la Corniche, faire des barbeucs avec les fées de banlieue, veiller à ma fée lilloise, et lire lire lire lire... J'ai adoré Corniche Kennedy, n'ai pas eu le temps de découvrir mon bouquin haïtien de Jean-Euphèle Milcé pourtant tant attendu... Car je suis tombée sur le dernier Mazzantini, Venir au monde. Déjà les couleurs de la couv' m'ont consolé de cette mer laissée derrière moi. Et quand j'ai ouvert : une claque. Le dernier bouquin qui m'a fait pleurer, en le fermant, c'était La Route de Mc Carthy. Là, j'ai pleuré dès le premier chapitre. C'était humide et salé, finalement une douce sensation... Un peu comme ces vacances à la mer !

dimanche 30 mai 2010

Coco

Proust avait sa madeleine. Je viens de découvrir mon "ali-nostalgie" : les oeufs au lait. Recette de Ducasse (merci à la fée de Montrouge passionnée de livres de cuisine de m'avoir mis celui-là entre les mains !). Oeufs, lait, sucre, vanille. Je m'exécute. C'est prêt. Je goûte. Et là, je tombe à la renverse. Les papilles, le cerveau et le palpitant qui s'emballent ! Je me revois dans la cuisine d'Elissagaray. J'ai huit ans environ. J'observe le sucre faire des bulles au fond de la casserole cabosée. Le reste je n'y prête pas vraiment attention. Mais à table je m'extasie devant le résultat final : un dôme jaune et doré, brillant, délicatement posé sur un plat à pied. Et le goût ! Ca fond sur la langue, la vanille embaume et ce caramel... Une tuerie. Avec la fée marseillaise j'évoque ce souvenir. Enfant j'entendais "coq au lait" et je me demandais bien ce que le volatile caramélisé venait faire dans mon ramequin. Aujourd'hui je traduis "coco lait", N. avait dû faire un racourci. Coco lait, lait de coco, un moyen peut-être pour elle de glisser quelques effluves de son île dans cette recette si franchouillarde...

Bon, ce week end on devait voir du monde. Plein de monde. Mais finalement c'est un virus qui s'est invité. On est donc resté sagement au chaud. On a fait un gâteau au chocolat, dégusté avec les potes du dessous, histoire de conforter le voisin dans son désir de déménager... Des banlieusards casqués sont venus mettre une fort sympathique animation dans notre retraite !
Privée de ma fée lilloise une seconde fois, je lui prépare de quoi faire passer cet arrêt prolongé en rêvant doucement à sa nouvelle maison...
L'enthousiasme débordant de mes premiers "manequins cabines" (ci-contre la robe de "princesse qui tourne" d'Esther) m'a motivé pour me remettre à la machine. Mes derniers bibis ont bien avancé et seront livrés cette semaine. Prochain contrat : habiller ma filleule pour son premier été !


Et histoire de me motiver, j'ai enfin trouvé la place idéale pour mes affaires de couture. Poubelle les vieilleries dont je n'avais pu me défaire lors du dernier déménagement ! Idem dans les boîtes de vieilles photos : de l'air, de la place, du neuf. La boîte en nacre de N. a pu accueillir les modèles en cours et patrons. Sa place ? Toute trouvée : à côté de la commode en bois de citronier de Madagascar... Nostalgie quand tu nous tiens...

Comme la fée des antipodes se demande ce qu'elle pourrait lire en ce moment, ci joint mes dernières acquisitions. Un nouveau Catherine Cusset dont j'ai adoré Un brillant avenir. Jean-Euphèle Milcé, mon écrivain haïtien que j'ai rencontré là bas et dont j'ai hâte de découvrir l'écriture. Pour la blague, j'ai dû commander car le Merle ne l'avait pas en stock. Il a mis... quatre semaines à arriver ! Comme pour me rappeler le rythme haïtien : tout n'est que patience et longueur de temps... Enfin Corniche Kennedy, offert à ma fée de la Corniche à moi, parce que j'adore la couv' et que ça va m'aider à faire passer cette dernière semaine dans la grisaille avant mon grand saut à moi... Dans une semaine : Corsicaaaaa !!!!!


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lundi 24 mai 2010

Petite théorie de la chaleur

Mon hypothèse est la suivante : l'Atelier aurait donc besoin de lumière et de chaleur. Comme les graines plantées par G. vendredi qui pointent déjà le bout de leurs feuilles sur la fenêtre...
D'abord parce qu'on manie mieux l'aiguille à la lumière naturelle. Ensuite parce que la chaleur titille l'inspiration. Un bob par-ci pour coiffer les petites fées (merci M. pour le patron !), une robe ou un bikini par là (vive les patrons pas chers et limpides de Citronille), c'est sans fin ! Les petites Cassandre, Justine, Avril, Elise et Madeleine... En voilà de quoi motiver la pédale wawa ! Coudre en miniature c'est finalement hyper intéressant pour piger des techniques de base qui m'étaient totalement impénétrables dans mon livre en... japonais...... Du coup, à la rentrée je serai affûtée pour la fameuse robe Kawai !


Du coup, après avoir frémi devant la guillotine de Crimes et châtiments, j'ai fait une halte chez Petit Pan, histoire de garnir la boîte à couture en grigris, boutons et fanfreluches. Et de préférer mon salon, ses bobines de fils et coupons empilés... aux Buttes Chaumont sous le soleil. Un comble ! J'exagère, j'ai fait les deux.
Avec une nette préférence pour le rayon de soleil qui chauffe derrière les stores, aux parisiens en shorts étalés sur les pelouses...

D'ailleurs, derrière les stores j'ai repéré une recette de tarte à la rhubarbe dans la bible de Ducasse. Et comme par hasard, dans mon panier de mercredi il y aura... de la rhubarbe. De quoi patienter en attendant les photos des dernières productions (je réserve la surprise aux premières servies qui trouveront en exclusivité la collec printemps 2010 dans la boîte aux lettres !), et de la pousse des graines sur la fenêtre...

dimanche 14 mars 2010

Kawai

Ouf. J'ai bien cru que l'Atelier ne passerait pas 2009... Pas l'temps, pas l'temps, pas l'temps. A peine d'aller courir entre deux flocons, de lire quelques pages (magnifique Année de la pensée magique de Joan Didion) sans trop empiéter sur ce précieux sommeil que je soigne avec jalousie.
Sans lui l'hiver ne passe pas. Car l'humeur est fragile en ces temps glacés et grisonnants. Peut-être que les blogs peuvent hiberner après tout ? Mais là, serait-ce ces +5° au réveil ? Cette boîte en laque de Chine pleine de couleurs africaines ? Cette excursion chez Junkodo ? Je sens que ce printemps va être piqué et métissé. Car j'ai enfin mon trésor : LE livre de couture japonaise avec toutes les robes et blouses de mes rêves.

Bon, si les photos sont kawai à souhaits, les explications et les patrons entièrement en japonais sont nettement moins sexys... MAIS j'ai trouvé les correspondances des tailles. Et puis ils sont sympas les Japonais, ils ont quand même rajouté quelques lettres de l'alphabet pour les péquenaudes dans mon genre. Je me lance donc avec la H. A vue d'oeil, pas trop complexe. J'ai déjà découpé le patron (un peu à la hache d'ailleurs)...

Allez, pendant les vacances je me lance (oui je sais encore des vacances c'est une honte), et c'est pas le tissu qui manque avec tout ce qu'a ramené M. dans ses malles du Sénégal. Métissage quand tu nous tient... Sur ce, je vais me coucher hein, c'est pas encore le printemps non plus !

dimanche 29 novembre 2009

December issue

Il m'a fallu un certain temps pour comprendre d'où venait cettte lueur diffuse...
Derrière le rideau de la salle de bain, les volets ne sont pas fermés. Je lève le nez et là, surprise : la fameuse guirlande kitchissime, méchament pas écolo (depuis le temps que cette mode fait fureur peut-être existe-t-il maintenant la version à ampoules vertes...) et horriblement désuète du Père-Noël sur son traineau s'étale sur la façade de mes voisins d'en face !
Je pouffe et convoque sur le champs G. Tadadada, je remonte le store du salon et guette sa réaction. Mieux qu'au théâtre le voilà qui s'esclafe, colle son nez à la vitre et s'extasie devant l'Oeuvre...

Evidemment me voilà obligée de sortir dans la minute la boîte de décos de Noël. Inspection en règle. Les boules, rennes et autres bidules en bois sont bien là. L'étoile n'a pas perdu ses branches depuis l'année dernière. Par contre le salon, lui, se trouve amputé de quelques mètres carrés et d'un coup la cruelle question est posée : "où on met le sapin ?"
Rrrrrrhhhhaaaaaa.... A la place du lave vaisselle ? No way. Du lecteur de DVD ? Non plus. Pour appaiser les esprits, je sors le vieux sapin miniature (lui aussi mérite sa médaille du kitsch...), le claque à la place des pékinois (c'est plus la saison) sur la table du salon, allume deux bougies, et l'angoisse de G. se consume. Jusqu'à ce que le fleuriste sorte sa future cargaison d'épineux sur le trottoir j'ai un peu de répit...
Je relis cet extrait de Levi-Strauss dans le dernier Philomag sur le mythe du Père-Noël : "chaque année nous adressons cette prière aux enfants, pour qu'ils consentent, en croyant au Père-Noël, à nous aider à croire en la vie". Mouais... Moi j'ai de plus en plus le sentiment que si G. aime le scintillement de ces fêtes, il ne semble plus avoir beaucoup de doutes sur l'identité des bienfaiteurs qui exaucent ses voeux.... En attendant, mon dernier week-end en compagnie de la fée du nord a titillé mon inspiration et je sens que ces prochains jours de farniente vont forcément passer par une halte à la Droguerie ! La pince croco me titille le bout des doigts. Et puis j'ai reçu le coupon de tissu pour la mini fée de la Butte aux Cailles, la turbulette sera bien livrée avant l'arrivée des gros frimas ! Allez, au boulot...

lundi 2 novembre 2009

Pense bête

Ca y'est. Le prototype est terminé. Porté il rend pas mal. Suis même carrément fière de mes manches, réussies du premier coup !
Bon, pour la version définitive va quand même falloir veiller à :
Choisir un tissu qui plombe davantage qu'un coton trop fin. De même que pour le col et les bordures des manches et du bas, j'éviterai des matières épaisses qui font un effet carton.
Penser à froncer sur toute la largeur des deux pièces avant et arrière.
Assembler le col et la pièce devant, puis l'arrière et ensuite coudre les deux morceaux de col au niveau des épaules. Histoire d'éviter de pas être d'équerre entre l'avant et l'arrière, je me comprends...
Garder mes proportions de patron, hormis le col à agrandir un chouia...


C'est dingue comme cette tunique bête et méchante me fait pousser des ailes ! Je sens que la robe tunique de Jeanne Lanvin commence à me titiller le bout des doigts...

vendredi 30 octobre 2009

Tunique part one



Tout est une question de mesure(s). Je pense que les belettes pourront passer commande de leurs tuniques pour le printemps-été 2010. En clair je ne m'emballe pas sur la rapidité d'exécution. Sachant qu'hier j'ai assemblé le col avant avec le tissu arrière. Sachant qu'avant hier j'ai coupé mes pièces trop courtes et que même les Chinois qui économisent le tissu sont plus larges... Bon. Je reste optimiste. L'intérêt du prototype c'est de faire les bourdes que tu ne peux plus te permettre avec le Liberty à imprimé japonisant qui t'a coûté un bras...
Le plus drôle c'est que je ne m'énerve même pas. Si si. Même si je me dis discrètement que je suis une truffe... Je m'y remets sans avoir l'impression d'avoir perdu mon temps. Il n'a tout simplement pas la même valeur, il sert d'apprentissage et déclenche des réminicences.
Le dé à coudre par exemple. D'un coup je regarde ma première phalange et je vois celle de N. Sa boîte à couture en marquetterie. L'odeur un peu poussièreuse des vieilles dentelles. L'aiguille si fine au chat plus étroit qu'un cheveu. J'imagine son éclat de rire devant mes expérimentations : "ma fille, c'est de la couture gros doigt !"
Du coup à force de m'y reprendre à deux fois avec un zen olympien, le soir pour deux mailles perdues de mon écharpe... j'ai tout détricoté ! Faut que je me méfie des effets à long terme...